Selon la Plateforme Africaine des Villes Propres, 90 % des déchets produits en Afrique sont encore jetés dans des décharges non contrôlées, souvent à ciel ouvert, et brûlés sans traitement. Une réalité préoccupante, notamment dans des capitales en forte croissance comme Libreville, où la décharge de Mindounbé illustre l’ampleur du défi.
Une bombe écologique en devenir
19 des 50 plus grandes décharges du monde se situent aujourd’hui en Afrique subsaharienne, une région qui pourrait, d’ici 2050, devenir la première productrice de déchets au monde. En cause :
- l’explosion démographique,
- l’urbanisation rapide,
- et une consommation de plus en plus tournée vers les produits plastiques importés.
Un enjeu sanitaire, économique et environnemental
Face à ce constat, comment structurer une gestion durable des déchets, notamment dans les zones urbaines où les services publics sont encore très faibles, voire inexistants ?
À cette question ont répondu plusieurs experts dans une émission récente, notamment Matthieu Le Corre, du GRET, et Jean-Claude Muissa, directeur général de la REGEDEK, en charge des déchets à Kinshasa.
Ils insistent sur l’importance de combiner les efforts des autorités publiques, des entreprises privées, mais aussi du secteur informel, qui joue souvent un rôle clé dans la collecte et le tri.
Des solutions locales, des modèles inspirants
Certaines initiatives émergent et changent déjà la donne, à l’image de Mariam Mohamed Keita, fondatrice de BGS Recyplast à Conakry. Lauréate du prix Women In Africa en 2019, cette entrepreneure transforme les déchets plastiques en pavés écologiques et briques de construction.
Avec son équipe de dix personnes, elle récupère les déchets dans les rues et les marchés, avant de leur donner une seconde vie dans son entrepôt de Coyah, à 50 km de la capitale guinéenne.
Vers une économie circulaire africaine ?
Ces exemples montrent qu’une gestion intelligente et inclusive des déchets peut à la fois réduire les risques sanitaires, préserver l’environnement et créer des emplois locaux.
Mais pour passer à l’échelle, un engagement fort des pouvoirs publics et des financements structurants restent essentiels. Car si rien n’est fait, les décharges africaines pourraient devenir les symboles visibles d’un échec collectif face à la crise écologique urbaine.