Le pays capitalise sur les sous-produits du cacao, de l’hévéa, de l’huile de palme et du coton pour diversifier son mix énergétique et soutenir ses agriculteurs.
La Côte d’Ivoire, leader mondial du cacao et premier producteur africain de caoutchouc naturel, intensifie ses efforts pour transformer les résidus agricoles en source d’énergie renouvelable. L’objectif : renforcer la sécurité énergétique, diversifier les revenus ruraux et accélérer la transition vers un mix plus propre.
Divo : une première mondiale pour la biomasse cacao-hévéa
Le 3 juin 2025, la Société des Énergies Nouvelles (SODEN) et Climate Fund Managers (CFM) ont annoncé un financement de 3 millions USD pour développer à Divo la première centrale au monde alimentée par des déchets de cacao et d’hévéa connectée au réseau national. Avec 76 MW de capacité et 550 GWh/an prévus, elle devrait valoriser 600 000 tonnes de biomasse par an et alimenter des milliers de foyers dès 2029.
La centrale contribuera à réduire les émissions de CO₂ de 300 000 tonnes par an et offrira de nouvelles sources de revenus à plus de 36 000 petits producteurs, tout en créant près de 4000 emplois directs et indirects.
L’hévéa, nouvelle filière du biocarburant
En parallèle, le groupe italien Eni structure une filière biocarburants à partir des graines d’hévéa, collectées auprès des agriculteurs ivoiriens. Après une phase pilote en 2023 (1500 tonnes collectées), l’objectif est d’atteindre 50 000 tonnes en 2024, en lien avec la politique nationale de souveraineté énergétique.
Le ministère de l’Agriculture a signé un accord avec Eni pour encadrer cette filière naissante, en misant sur l’introduction de cultures oléagineuses à haute valeur énergétique.
Un mix renouvelable dopé par la biomasse
La Côte d’Ivoire vise 45 % d’énergies renouvelables dans son mix électrique d’ici 2030, dont 12 % issus de la biomasse. Plusieurs projets confirment cette orientation :
- À Aboisso, la centrale de 46 MW portée par BIOVEA Energie utilisera 520 000 tonnes de résidus de palmier à huile par an. Mise en service prévue fin 2025.
- À Boundiali, un projet de 25 MW soutenu par l’USTDA transformera les tiges de coton en électricité.
Une opportunité économique pour les producteurs
Avec un potentiel de biomasse considérable – cacao (1,67 million t/an), hévéa (700 000 ha), coton (350 000 ha), palmiers à huile (300 000 ha) – le pays transforme des déchets sous-valorisés en ressources stratégiques.
Ces projets reconfigurent les chaînes de valeur agricoles : les coques de cacao, les graines d’hévéa ou les tiges de coton deviennent des intrants énergétiques valorisables, générant des revenus complémentaires pour les agriculteurs, tout en stabilisant les systèmes énergétiques locaux.
Biomasse agricole : un levier pour la transition énergétique
En plaçant la biomasse agricole au cœur de sa stratégie énergétique, la Côte d’Ivoire mise sur une approche gagnant-gagnant : renforcer l’indépendance énergétique, stimuler l’économie rurale et réduire les émissions. Une voie prometteuse pour allier prospérité agricole et neutralité carbone.