L’Afrique du Sud franchit une étape décisive dans sa stratégie de transition énergétique avec le lancement opérationnel du fonds SA-H2, dédié au développement de la filière hydrogène vert. Soutenu par plusieurs institutions publiques et partenaires néerlandais, ce mécanisme de financement mixte ambitionne de positionner le pays comme leader régional de l’exportation d’hydrogène renouvelable et de ses dérivés.
Le 12 juin 2025, SA-H2 a officialisé un premier closing de 37 millions USD mobilisés auprès de la Public Investment Corporation (PIC), de l’Industrial Development Corporation (IDC) et de la Development Bank of Southern Africa (DBSA). Dans la foulée, un premier investissement de 20 millions USD a été engagé dans le projet Hive Coega, une future usine d’ammoniac vert située dans la province du Cap-Oriental. Prévue pour entrer en exploitation commerciale en 2029, elle vise une production annuelle d’un million de tonnes, exclusivement destinée à l’export.
Ce projet, à forte intensité capitalistique, incarne la volonté de structurer une chaîne de valeur complète autour de l’hydrogène vert, allant de la production jusqu’à l’exportation, avec l’ambition de devenir un pôle de référence pour les marchés européens et asiatiques en quête de molécules décarbonées.
« Le modèle de financement mixte de ce fonds nous permet de catalyser des investissements du secteur privé à grande échelle », a déclaré Lebogang Seperepere, directeur exécutif par intérim à la DBSA.
Une coopération internationale au service de la transition
Le fonds SA-H2 est géré par Climate Fund Managers et Invest International, avec le soutien du gouvernement néerlandais. Il s’inscrit dans une dynamique bilatérale lancée en juin 2023, à l’occasion de la visite conjointe des Premiers ministres néerlandais et danois. À cette occasion, les parties avaient annoncé la création d’un mécanisme de financement mixte de 1 milliard USD pour l’hydrogène vert sud-africain.
Outre les entités publiques sud-africaines, le fonds intègre des acteurs privés tels que Sanlam, contribuant ainsi à renforcer la complémentarité entre capitaux publics et privés. L’objectif est clair : faire de l’hydrogène vert un pilier de la décarbonation de l’économie sud-africaine, tout en générant de nouvelles recettes d’exportation et en consolidant une transition énergétique juste et inclusive.
Un potentiel mondialement reconnu
Avec un ensoleillement exceptionnel, des ressources éoliennes abondantes et des infrastructures industrielles déjà développées, l’Afrique du Sud dispose de conditions techniques et géographiques optimales pour produire de l’hydrogène renouvelable à grande échelle. Le gouvernement a identifié ce secteur comme l’un des principaux leviers pour répondre aux exigences internationales de neutralité carbone, tout en créant des opportunités d’emploi local.
Ce positionnement stratégique devient d’autant plus urgent à l’heure où les partenaires commerciaux du pays — notamment l’Union européenne — mettent en place des mécanismes d’ajustement carbone aux frontières, qui pourraient pénaliser les exportations à forte intensité de carbone.
L’initiative SA-H2 illustre ainsi une double ambition : anticiper les mutations des marchés globaux tout en renforçant la souveraineté énergétique nationale dans une perspective de développement durable.
