Johannesburg ouvre la voie : la BAD accorde son premier prêt direct à une ville africaine
En juin 2025, la Banque africaine de développement (BAD) a franchi une étape majeure en approuvant un prêt de 2,5 milliards de rands (139 millions de dollars) à la ville de Johannesburg, sans garantie souveraine. C’est une première en Afrique, signalant une nouvelle ère de finance urbaine décentralisée, où les collectivités locales deviennent des acteurs crédibles sur les marchés financiers.
Cette innovation permet à Johannesburg de financer directement plus de 100 projets d’infrastructures urbaines, dans les domaines de l’électricité, de l’eau, de la gestion des déchets et des services publics à revenus. L’objectif : stimuler l’emploi, améliorer les services essentiels et renforcer la résilience économique locale, sans dépendre exclusivement de subventions nationales.
Johannesburg : une métropole prête à financer sa propre croissance
Avec 6,4 millions d’habitants et un produit intérieur brut de 67 milliards de dollars, Johannesburg représente un moteur économique de premier plan en Afrique. Mais comme de nombreuses villes africaines, elle fait face à des infrastructures vieillissantes et à une demande croissante en services publics.
- 30 % de pertes sur les réseaux électriques
- 46 % de pertes d’eau potable
- Des zones densément peuplées mal desservies en assainissement et en collecte des déchets
Face à ces défis, la ville a misé sur une décennie de réformes en matière de gouvernance et de transparence budgétaire. Résultat : un profil de crédit validé par des agences indépendantes, qui inspire la confiance des investisseurs et facilite l’accès direct aux financements internationaux.
Un programme d’investissements à fort impact social et économique
Les fonds de la BAD financeront des projets alignés sur les Objectifs de développement durable (ODD) :
- Électricité : modernisation du réseau, déploiement de compteurs intelligents, promotion des énergies renouvelables, 3 200 nouvelles connexions
- Eau et assainissement : réparation des fuites, traitement de l’eau, réduction des pertes à 37 %
- Gestion des déchets : modernisation des décharges, développement du recyclage, amélioration de la collecte
- Services publics générateurs de revenus : chaque investissement repose sur des flux de recettes tarifaires assurant la viabilité du remboursement
Des résultats concrets attendus pour les populations
Le prêt de la BAD s’inscrit dans une logique de rentabilité sociale et économique, avec des objectifs chiffrés :
- 2 900 emplois temporaires et 592 postes permanents créés dans le cadre des projets
- 500 millions de rands de marchés réservés aux PME locales, dont 50 % aux jeunes entrepreneurs
- 160 000 ménages à faibles revenus bénéficieront de services améliorés (eau, électricité, déchets)
- Des gains de productivité industrielle grâce à une meilleure fiabilité des services urbains
Une nouvelle dynamique pour la finance urbaine en Afrique
Au-delà du cas de Johannesburg, cette initiative marque un changement de paradigme : les villes africaines bien gouvernées peuvent devenir des clientes bancables. Des villes comme Dakar, Nairobi, Le Cap ou Kigali avancent aussi dans cette direction, en renforçant leur autonomie fiscale et en cherchant à accéder aux marchés des capitaux.
Cette évolution ouvre de nouvelles opportunités pour les investisseurs, en positionnant les villes comme :
- Acheteurs d’infrastructures
- Partenaires financiers
- Moteurs de la croissance inclusive
Vers une urbanisation durable pilotée localement
Dans un continent en pleine urbanisation, l’exemple de Johannesburg démontre que l’investissement dans les villes africaines peut être structuré, rentable et inclusif, à condition d’instaurer une architecture financière claire et rigoureuse.
La transition vers une finance urbaine décentralisée, portée par des municipalités bien gérées, apparaît désormais comme un levier stratégique pour accélérer la transformation durable des territoires africains.
