Réputée pour sa propreté et sa gouvernance urbaine exemplaire, Kigali fait aujourd’hui face à une poussée démographique rapide. Cette dynamique met sous tension ses infrastructures, notamment en matière de mobilité urbaine, un domaine où la capitale rwandaise entend rester pionnière sur le continent africain.
Vers un système de transport intégré et bas carbone
Portée par une vision stratégique claire, Kigali engage une transformation profonde de ses systèmes de transport, combinant innovations technologiques, financements multilatéraux et politiques publiques incitatives. Dernier signal fort en date : la Banque mondiale a accordé un prêt de 100 millions USD pour soutenir l’expansion du transport public, dont une part sera dédiée au développement d’un téléphérique urbain, une première en Afrique subsaharienne.
Ce projet de transport par câble, complémentaire à des infrastructures au sol, vise à réduire la congestion et à offrir une alternative pratique, rapide et peu polluante dans les zones enclavées de la ville.
Une vision multimodale et inclusive
En parallèle, Kigali déploie une série d’initiatives interconnectées :
- Le projet de chemin de fer à écartement standard (SGR), renforçant la connectivité régionale.
- La mise en place d’un réseau de bus à haut niveau de service (BRT) équipé de stations de recharge pour véhicules électriques.
- L’organisation bimensuelle de journées sans voiture (Car-Free Days), contribuant à la sensibilisation des citoyens.
Côté innovation, un écosystème local est en plein essor. Des startups comme GuraRide (vélos électriques), TAILG (véhicules électriques) et Spiro (motos électriques) redéfinissent les usages. La e-Mobility Academy, fondée par S.U.L E‑Mobility avec le soutien de la GIZ, forme une nouvelle génération de techniciens et opérateurs spécialisés dans la mobilité électrique.
Répondre à des défis structurels urgents
Avec 1,7 million d’habitants, Kigali subit une pression croissante : congestion chronique, manque de corridors dédiés aux transports collectifs, infrastructures inadaptées aux piétons et cyclistes, et forte dépendance aux motos-taxis. Si ces dernières offrent une solution souple, elles posent des enjeux en matière de sécurité et d’émissions.
Selon la Banque africaine de développement (BAD), ces contraintes freinent la productivité et accentuent les inégalités d’accès à la mobilité.
Une réponse alignée sur les impératifs sanitaires et climatiques
L’engagement de Kigali s’inscrit aussi dans une logique de santé publique. Le rapport 2024 de la Banque mondiale, Safe and Clean Vehicles for Healthier and More Productive Societies, estime que la pollution de l’air a causé 8,1 millions de décès prématurés en 2021, dont 95% dans les pays en développement. Les vieux véhicules polluants importés en Afrique sont pointés du doigt, avec plus de 80% ne respectant pas la norme Euro 4, selon une étude néerlandaise de 2019.
Dans ce contexte, le renouvellement du parc automobile devient un impératif. Kigali, en misant sur la mobilité verte, entend anticiper ces enjeux tout en consolidant son image de ville propre, résiliente et innovante.