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Tripler les énergies renouvelables d’ici 2030 : l’Afrique risque de rester en marge sans un sursaut massif

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L’Afrique face au défi du triplement des énergies renouvelables

Alors que la communauté internationale s’est engagée à tripler les capacités énergétiques renouvelables d’ici 2030, un cap fixé lors de la COP28, les dynamiques régionales restent très contrastées. L’Afrique, malgré son ensoleillement abondant, affiche un retard préoccupant, à la fois en termes de rythme de déploiement et de part dans la capacité mondiale installée.

Un record mondial… mais encore insuffisant

Selon le rapport « Renewable Energy Statistics 2025 » de l’IRENA, la capacité mondiale d’énergie renouvelable est passée de 3860 GW en 2023 à 4442 GW en 2024, soit une hausse record de 15,1 %. Cette progression historique représente un ajout de 582 GW en un an — un niveau inédit.

Mais cette dynamique, bien que positive, reste insuffisante. Pour atteindre les 11,2 TW nécessaires en 2030, il faudrait maintenir une croissance annuelle de 16,6 %, selon les calculs de l’IRENA. À ce jour, la trajectoire mondiale conduirait à 10,3 TW d’ici la fin de la décennie.

L’Afrique en net retrait

La situation est encore plus préoccupante pour le continent africain. En 2024, la capacité renouvelable installée est passée de 65 GW à seulement 69,9 GW, une croissance de 7,2 %, soit deux fois moins rapide que la moyenne mondiale.

Résultat : l’Afrique ne représente que 1,57 % de la capacité renouvelable mondiale. À titre de comparaison, l’Asie a capté 71 % des nouvelles installations, tirée par une expansion agressive du solaire photovoltaïque — une ressource dont l’Afrique dispose pourtant en abondance.

Un écart qui menace la transition énergétique en Afrique

Le rapport conjoint de l’AIE et de l’IRENA publié lors de la COP28 précise que l’Afrique subsaharienne devra atteindre 166 GW de capacité renouvelable d’ici 2030, soit plus du triple de sa base actuelle. Or, à rythme constant, la région ne parviendra pas à remplir cet objectif.

Ce retard n’est pas anodin : 565 millions de personnes restent privées d’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne selon la Banque mondiale. Le solaire décentralisé, les mini-réseaux et les solutions hybrides représentent des réponses concrètes, mais restent freinés par les difficultés de financement, les obstacles réglementaires et un déficit de coordination régionale.

Tripler la capacité : un impératif pour une transition juste

L’objectif de triplement ne constitue pas seulement une ambition technique. Il est essentiel pour limiter le réchauffement climatique, renforcer la sécurité énergétique, favoriser la croissance verte et créer des emplois durables.

Pour l’Afrique, la transition énergétique est une question d’équité et de résilience. Le continent est le moins pollueur, mais le plus vulnérable aux effets du changement climatique. Il est donc impératif que les efforts mondiaux incluent un soutien massif aux pays africains, avec :

  • un accès facilité aux financements climatiques concessionnels ;
  • une réforme de l’architecture de financement international ;
  • des politiques publiques nationales claires et cohérentes pour catalyser les investissements privés.

Conclusion

À moins d’un sursaut stratégique collectif, l’Afrique risque d’être le maillon faible de la transition énergétique mondiale. Et sans l’Afrique, il ne peut y avoir de transition véritablement juste, inclusive et durable. Le temps presse : 2030, c’est déjà demain.

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