Le plus grand appui jamais accordé par la Banque mondiale au Togo vise à moderniser un secteur agricole stratégique, mais encore vulnérable. Le programme ProMAT ambitionne de faire de l’agriculture un moteur de croissance inclusive et durable.
Le Togo franchit une étape décisive dans sa stratégie de transformation agricole. Le 11 juin à Lomé, la Banque mondiale a annoncé un financement record de 300 millions USD pour soutenir la première phase du Programme de transformation agricole (ProMAT), un plan décennal visant à moderniser le secteur, renforcer la résilience rurale et accroître la productivité.
Structuration, ciblage et ambition
L’agriculture représente 18 % du PIB togolais et emploie plus de 30 % de la population active, principalement en milieu rural. Pourtant, le secteur reste limité par un faible accès au financement, à la mécanisation et à l’irrigation, et reste fortement exposé aux aléas climatiques.
Avec ce nouveau soutien, le gouvernement vise :
- la réhabilitation de 7200 hectares irrigués,
- la gestion durable de 50 000 hectares de terres,
- l’intégration de 340 000 producteurs dans les chaînes de valeur (dont un tiers de femmes),
- et la création de plus de 72 500 emplois directs et indirects.
« ProMAT repose sur une approche intégrée et axée sur les résultats, mobilisant plusieurs guichets du Groupe de la Banque mondiale », souligne Fily Sissoko, représentant résident au Togo.
Le programme sera mis en œuvre via l’instrument PforR (Programme for Results), qui conditionne les décaissements à l’atteinte d’objectifs précis, et sera piloté par l’Agence de transformation agricole (ATA), avec l’appui des ministères techniques.
Le privé comme levier de changement
L’un des piliers du programme est l’intégration du secteur privé, avec une mobilisation coordonnée de l’IDA, de la SFI et de la MIGA. Il s’agit de favoriser les investissements dans les agro-industries, structurer des modèles d’agriculture contractuelle, et sécuriser les investissements à travers des garanties.
« L’adhésion du privé est essentielle à la modernisation agricole », déclare Josiane Kwenda, représentante régionale de la SFI.
Réformes et souveraineté alimentaire
Ce financement intervient après une séquence de réformes structurelles et de concertations (FoPAT) ayant renforcé la gouvernance agricole et les capacités institutionnelles du pays. La ministre Sandra Johnson, également gouverneure du Togo auprès de la Banque mondiale, y voit « un catalyseur pour la souveraineté alimentaire, l’insertion des jeunes et le développement des territoires ».
Le ProMAT positionne le Togo comme l’un des laboratoires de la transformation agricole en Afrique de l’Ouest, en associant investissements massifs, logique de résultats, inclusion financière et adaptation au changement climatique.