La Côte d’Ivoire affiche une volonté affirmée de développer une filière locale de biocarburants. À travers un nouveau partenariat stratégique avec le groupe italien Eni, le pays entend valoriser ses ressources agricoles pour produire des carburants durables et diversifier son économie rurale.
Un protocole d’accord pour structurer la filière biocarburants
Le 28 mai 2025, le ministère ivoirien de l’Agriculture, du Développement rural et de la Production animale a signé un protocole d’accord avec Eni Natural Energies (ENE), filiale du groupe pétrogazier Eni. La signature s’est tenue à Abidjan, dans le cadre de la 7ᵉ édition du Salon international de l’agriculture et des ressources animales (SARA).
Cet accord vise à poser les bases d’une industrie des biocarburants en Côte d’Ivoire, à travers la mise en place d’une chaîne d’approvisionnement agricole durable. Les huiles végétales issues de cette chaîne serviront à alimenter les bioraffineries d’Eni, sans concurrence avec la production alimentaire.
Une valorisation agricole au service de la transition énergétique
L’un des axes majeurs de ce partenariat repose sur le renforcement de la filière hévéa, notamment par la collecte et la transformation de graines d’hévéa – un sous-produit longtemps sous-exploité – en huile végétale pour la production de biocarburants. Le projet envisage aussi l’introduction de cultures oléagineuses adaptées à des terres marginales ou dégradées, contribuant ainsi à une agriculture durable et inclusive.
Ce modèle permettrait de créer de nouvelles sources de revenus pour les producteurs locaux tout en favorisant une production de carburants plus respectueuse de l’environnement.
Des expériences pilotes prometteuses dans les biocarburants
Ce partenariat avec Eni s’inscrit dans la continuité d’initiatives précédentes. En juillet 2023, un accord avait été noué entre Eni et la Fédération ivoirienne des producteurs d’hévéa (FPH-CI) pour sécuriser un approvisionnement en matières premières issues de l’hévéaculture.
En parallèle, une expérience pilote menée en 2023 par l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER) avait permis de produire 1 500 litres de biodiesel à partir de graines d’hévéa. Cette opération avait associé des acteurs locaux et internationaux et constitue un précédent encourageant pour l’émergence d’une industrie nationale des biocarburants.
Une stratégie nationale pour les biocarburants
Le développement des biocarburants en Côte d’Ivoire s’inscrit dans une stratégie nationale de transition énergétique et de valorisation des filières agricoles. Le gouvernement ivoirien ambitionne de créer une filière capable de répondre à la demande intérieure en énergie tout en soutenant les zones rurales.
Eni, de son côté, voit dans ce partenariat une opportunité de renforcer son implantation en Afrique tout en poursuivant sa stratégie de diversification vers les énergies renouvelables.
Conclusion : les biocarburants, un levier pour l’agriculture et l’énergie
En misant sur les biocarburants, la Côte d’Ivoire combine développement rural, souveraineté énergétique et respect des engagements climatiques. Le partenariat signé avec Eni pourrait bien marquer une nouvelle étape dans la structuration d’un secteur prometteur, qui valorise les ressources locales tout en créant de la valeur pour les communautés agricoles.
