L’écomobilité, levier pour une croissance verte inclusive
Face aux défis climatiques, à la pollution urbaine et à une pression démographique croissante, l’Ouganda explore une nouvelle voie : l’écomobilité. À Kampala, capitale de plus de 4 millions d’habitants, les boda boda (taxis-motos) sont le principal mode de transport. Ils représentent aussi une source majeure d’emploi informel pour la jeunesse urbaine.
Mais ce modèle présente des limites : pollution de l’air, embouteillages et bruit pèsent sur la qualité de vie.
C’est dans ce contexte que Zembo Motorcycles, start-up ougandaise, déploie une solution innovante : des motos électriques en location avec échange de batteries. Un modèle inspiré de projets similaires au Rwanda (Ampersand) et au Kenya (Roam Electric), qui vise une mobilité plus propre, accessible et créatrice d’emplois.
Un financement structurant pour un changement d’échelle
Début juillet 2025, Zembo a obtenu 1 million de dollars de la banque néerlandaise FMO, spécialisée dans le soutien aux entreprises durables dans les pays émergents. Ce financement s’inscrit dans une logique d’accélération verte, avec un triple impact : réduction des émissions, structuration de filières locales et création d’emplois qualifiés.
Zembo, qui emploie déjà 75 personnes, prévoit de recruter massivement pour accompagner l’extension de sa flotte. En parallèle, elle tisse des partenariats avec des centres de formation pour former des mécaniciens, techniciens et gestionnaires de flotte. Ce positionnement permet à l’entreprise de répondre à un besoin crucial : offrir des perspectives concrètes à une jeunesse sous-employée — le taux de chômage des jeunes atteignait 4,46 % en 2024, selon Macrotrends.
Un modèle à fort potentiel, à condition d’un soutien structuré
La réussite du modèle Zembo dépendra de plusieurs conditions :
- Un cadre réglementaire stable pour sécuriser les investissements ;
- Une densification du réseau de recharge et de stations d’échange de batteries ;
- Un accès facilité au crédit pour les conducteurs ;
- Et surtout, un investissement public accru dans les infrastructures et la formation professionnelle.
L’exemple rwandais d’Ampersand, qui a contribué à structurer une filière d’emplois verts, ou celui de Roam au Kenya, montre que des synergies public-privé sont possibles. Mais elles nécessitent vision, coordination et volonté politique.
L’Afrique de l’Est, prochain pôle de la moto électrique ?
Si Zembo réussit son pari, le modèle pourrait être répliqué dans d’autres villes d’Afrique de l’Est. Avec une population jeune, une urbanisation rapide et un ensoleillement favorable aux solutions de recharge solaire, la région réunit de nombreux atouts.
L’écomobilité pourrait alors devenir un pilier de la transition énergétique inclusive, en transformant un secteur informel vital en filière verte porteuse d’emplois durables.
