Sur le continent africain, les catastrophes liées au climat sont devenues l’un des premiers moteurs de déplacement des populations. Inondations, sécheresses prolongées et tempêtes ont poussé 7,8 millions de personnes à fuir leur lieu de vie en 2024, selon un rapport publié le 27 mai par la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
Ce chiffre marque une hausse significative par rapport aux 6 millions de déplacements enregistrés en 2023, confirmant une tendance inquiétante liée à la montée en puissance des événements météorologiques extrêmes.
L’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale en première ligne
La crise ne frappe pas toutes les régions de la même manière. L’Afrique de l’Est concentre la plus grande part des déplacements climatiques avec 2,8 millions de cas recensés en 2024. Dans cette région, les régimes pluviométriques bouleversés alternent entre sécheresses extrêmes et inondations violentes, compromettant les moyens de subsistance et fragilisant les écosystèmes.
En Afrique centrale, 2,4 millions de déplacements ont été signalés. Les populations, déjà exposées à des conflits chroniques et à une pauvreté structurelle, voient leur résilience s’éroder face aux aléas climatiques. Sécheresses récurrentes, inondations et désertification y aggravent les crises humanitaires.
Les inondations, cause majeure de déplacements
Sur la période 2013-2024, les inondations ont été responsables de plus de 30 millions de déplacements sur le continent, soit plus de 70 % des déplacements climatiques enregistrés. Elles surpassent nettement les sécheresses (5 millions de déplacements, soit 12 %) et les tempêtes (5,1 millions).
Le rapport note toutefois qu’il reste difficile de comptabiliser les déplacements liés à l’élévation du niveau de la mer, à la hausse des températures ou à l’augmentation des vagues de chaleur, faute de données suffisamment précises.
Des déplacements internes majoritairement… pour l’instant
La grande majorité des personnes déplacées par le climat restent à l’intérieur de leur propre pays. Mais la mobilité transfrontalière liée au climat commence elle aussi à progresser, notamment dans les zones exposées à des chocs multiples.
Ces déplacements sont rarement des choix volontaires : « Face à la montée des eaux ou à la terre qui se craquelle sous leurs pieds, les populations doivent fuir pour survivre », souligne la FICR.
Les populations les plus vulnérables, premières touchées
Les personnes vivant dans la pauvreté, les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées sont disproportionnellement affectées. Ces populations sont les moins préparées à faire face aux catastrophes et disposent souvent de peu de moyens pour se relocaliser ou se reconstruire après un déplacement.
La FICR insiste sur le caractère multifactoriel de ces crises : les risques climatiques viennent se superposer à d’autres fragilités, comme les conflits, l’insécurité alimentaire ou la dégradation des services de base.
Une trajectoire inquiétante pour les années à venir
Le rapport anticipe une poursuite de l’augmentation des déplacements climatiques en Afrique. En cause : la hausse attendue de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles, combinée à une croissance démographique rapide, notamment dans les zones côtières de faible altitude.
Ces tendances rendent urgente l’adoption de mesures d’adaptation, de prévention et de protection sociale, afin de renforcer la résilience des populations les plus exposées.