Des impacts visibles sur la vie quotidienne
Le changement climatique affecte profondément le développement socio-économique en Afrique, alerte l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dans son rapport État du climat en Afrique 2024. Inondations, sécheresses, vagues de chaleur : les phénomènes extrêmes se multiplient, mettant en péril la sécurité alimentaire, la santé, l’accès à l’eau et la stabilité des populations.
Au Soudan du Sud, les inondations récentes ont anéanti le cheptel de milliers d’éleveurs, privant les communautés rurales de leurs moyens de subsistance et de leur patrimoine culturel. Ce pays illustre cruellement les effets du dérèglement climatique dans un contexte de fragilité institutionnelle.
Une Afrique qui se réchauffe plus vite que la moyenne mondiale
En 2024, la température moyenne du continent a dépassé de 0,86 °C la moyenne 1991-2020, avec un pic de +1,28 °C en Afrique du Nord, région qui se réchauffe le plus rapidement. Ce réchauffement accéléré renforce les inégalités et expose les pays africains à des crises humanitaires récurrentes.
Des océans en surchauffe, des terres sous pression
L’OMM souligne un record historique de chaleur marine en 2024. L’Atlantique tropical et la Méditerranée ont été les zones les plus touchées par des vagues de chaleur marine intenses, avec des conséquences directes sur la pêche, la biodiversité et les moyens de subsistance côtiers.
Sécheresse, inondations, vagues de chaleur : des déplacements massifs
L’année dernière, plus de 700 000 personnes ont été déplacées à cause de catastrophes climatiques. Le Nigeria, le Malawi, la Zambie ou encore le Zimbabwe ont subi des événements extrêmes :
- inondations meurtrières au nord du Nigeria (230 morts à Maiduguri),
- sécheresse historique au sud, avec des pertes agricoles de 43 à 50 % en Zambie et au Zimbabwe.
L’éducation et la santé en péril
La canicule entrave le développement humain : en mars 2024, les écoles du Soudan du Sud ont dû fermer à cause de températures atteignant 45 °C. Selon l’UNICEF, 242 millions d’enfants dans le monde ont été privés d’école en 2024 à cause du climat, dont une majorité en Afrique subsaharienne.
Le Soudan du Sud en première ligne
Marqué par la guerre, le Soudan du Sud subit un cycle destructeur : inondations, sécheresses, perte de bétail, recrudescence des maladies, effondrement des infrastructures. L’irrégularité climatique aggrave l’insécurité alimentaire, pousse les populations à la migration forcée et réduit à néant les efforts de résilience.
Le dessalement, une solution peu accessible
Face à la pénurie d’eau, le dessalement est parfois évoqué. Mais comme le rappellent les experts de l’OMM et de la FAO, cette technologie reste coûteuse, peu adaptée aux réalités économiques africaines, et pose des défis environnementaux et sociaux.
Des systèmes d’alerte et d’adaptation à renforcer
Plutôt que de compter sur des solutions technologiques inaccessibles, les spécialistes plaident pour des investissements massifs dans l’adaptation climatique : stockage d’eau, agriculture résiliente, infrastructures vertes, systèmes d’alerte précoce.
« Le changement climatique agit comme un multiplicateur de risques pour un continent déjà vulnérable. Il faut agir maintenant pour éviter une spirale de destruction », avertit Dawit Solomon, expert en adaptation climatique.