Du 7 au 11 avril 2025, le Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD) à Dakar a accueilli le Forum de haut niveau sur l’irrigation au Sahel, marquant le dixième anniversaire de la Déclaration de Dakar de 2013. Cet événement a rassemblé les ministres des six pays sahéliens (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad), des organisations régionales telles que le CILSS, l’UEMOA et la CEDEAO, ainsi que des partenaires techniques et financiers, dont la Banque mondiale et la FAO.
L’objectif principal était d’évaluer les progrès réalisés depuis 2013 et de définir une nouvelle stratégie pour accélérer le développement de l’agriculture irriguée durable dans la région (lire sur le site de la Banque mondiale).
Un bilan mitigé
La Déclaration de Dakar de 2013 visait à augmenter les superficies irriguées de 400 000 à 1 000 000 d’hectares d’ici 2020. Cependant, une décennie plus tard, seulement environ 285 000 hectares supplémentaires ont été aménagés, soit 25 % de l’objectif initial.
Cette progression limitée souligne la nécessité d’une réorientation stratégique pour surmonter les défis persistants tels que la variabilité climatique, la dégradation des terres et les contraintes financières (voir le communiqué officiel de la Banque mondiale).
La Déclaration de Dakar+10 : un engagement renouvelé
Face à ces constats, les participants ont adopté la Déclaration de Dakar+10, réaffirmant leur engagement à faire de l’irrigation un levier essentiel pour la souveraineté alimentaire et nutritionnelle au Sahel.
Cette nouvelle déclaration met l’accent sur plusieurs axes prioritaires :
- Renforcement des investissements dans les infrastructures d’irrigation durables, avec une mobilisation accrue des ressources des budgets nationaux.
- Promotion des innovations adaptées aux réalités locales, notamment l’utilisation de technologies solaires pour le pompage de l’eau.
- Facilitation de l’accès au financement pour les producteurs, en développant des mécanismes de subventions et de crédits adaptés.
- Amélioration de la gouvernance des systèmes d’irrigation, en assurant une gestion intégrée des ressources en eau et une participation active des communautés locales.
L’objectif ambitieux est d’atteindre 1 000 000 d’hectares sous maîtrise totale d’eau d’ici 2035, en alignement avec la Stratégie d’Irrigation au Sahel adoptée lors du forum (consulter la déclaration complète ici).
Vers une agriculture irriguée résiliente et inclusive
La Déclaration de Dakar+10 souligne également l’importance de :
- Diversifier les sources d’eau, en exploitant les eaux de surface et souterraines disponibles, pour renforcer la résilience face aux changements climatiques.
- Développer des chaînes de valeur agricoles intégrées, en promouvant des cultures à haute valeur ajoutée et en améliorant les infrastructures de stockage et de transformation.
- Renforcer les capacités des acteurs locaux, en investissant dans la formation et la recherche pour soutenir l’innovation dans le secteur de l’irrigation.
Le forum a aussi mis en avant la nécessité de coordonner les initiatives régionales, en harmonisant les normes et en favorisant la coopération transfrontalière pour une gestion durable des ressources en eau (lire l’article sur Le Sahel).
Conclusion
La Déclaration de Dakar+10 marque une étape cruciale dans la quête de la souveraineté alimentaire au Sahel. En s’engageant collectivement à renforcer l’irrigation durable, les pays sahéliens posent les bases d’une agriculture plus résiliente, capable de répondre aux défis climatiques et socio-économiques de la région.
La réussite de cette initiative dépendra de la mise en œuvre effective des engagements, de la mobilisation des ressources nécessaires, et de la collaboration étroite entre les différents acteurs.
