La Banque africaine de développement (BAD) a approuvé un investissement de 40 millions de dollars dans Zafiri, une plateforme innovante de capital-investissement dédiée à l’expansion des énergies renouvelables décentralisées (ERD) en Afrique. Ce financement s’inscrit dans le cadre de la Mission 300, qui vise à raccorder 300 millions de personnes supplémentaires à l’électricité d’ici 2030.
Une réponse structurée à la pénurie de capitaux de long terme
Zafiri, développé en partenariat avec le Groupe de la Banque mondiale et d’autres partenaires stratégiques, répond à un obstacle majeur au développement de l’ERD sur le continent : l’absence de capitaux propres patients et long terme. Ce manque limite l’émergence de solutions à fort impact comme les mini-réseaux solaires ou les systèmes domestiques autonomes, pourtant essentiels pour desservir les zones rurales et isolées.
Contrairement aux réseaux centralisés, ces technologies modulaires et évolutives sont mieux adaptées aux réalités géographiques africaines, avec un déploiement plus rapide et moins coûteux. Elles devraient représenter plus de la moitié des nouveaux raccordements à l’électricité sur le continent d’ici 2030.
Un fonds structuré pour mobiliser le capital privé
Zafiri est conçu comme un véhicule de capital permanent avec une capitalisation cible de 1 milliard de dollars, déployée en plusieurs phases. La phase 1, actuellement en cours, vise 300 millions de dollars répartis à parts égales entre :
- des actions de premier rang, et
- des actions de second rang, servant de catalyseur pour les investisseurs privés en limitant leur exposition au risque.
L’engagement de la BAD se compose de :
- 30 millions de dollars d’actions de premier rang, provenant de son bilan propre, et
- 10 millions de dollars d’actions de second rang, mobilisés via le Fonds pour l’énergie durable en Afrique (SEFA).
« Zafiri est une plateforme catalytique qui fera partie intégrante de notre stratégie pour atteindre un accès universel à l’énergie moderne en Afrique », a souligné Kevin Kariuki, vice-président chargé de l’Électricité, de l’Énergie, du Climat et de la Croissance verte à la BAD.
Structurer un écosystème d’investissement autour de l’ERD
L’initiative entend mobiliser massivement le capital commercial dans un secteur encore perçu comme à haut risque. Pour Wale Shonibare, directeur des politiques énergétiques à la BAD, Zafiri représente le plus important engagement de capitaux patients en faveur du secteur africain des énergies renouvelables décentralisées à ce jour.
De son côté, Daniel Schroth, directeur des Énergies renouvelables et de l’Efficacité énergétique, a insisté sur le rôle crucial du SEFA dans le calibrage du risque pour attirer le secteur privé à plus grande échelle.
Une initiative alignée sur les priorités stratégiques de la Banque
Zafiri est en parfaite cohérence avec les priorités de la Banque africaine de développement, notamment :
- la stratégie décennale 2024-2033 pour soutenir les infrastructures énergétiques privées ;
- les objectifs des « High 5 », notamment Éclairer l’Afrique, Industrialiser l’Afrique et Améliorer la qualité de vie des populations ;
- le New Deal pour l’énergie en Afrique, ainsi que les politiques climatiques de la Banque.
Zafiri constitue également une illustration concrète de l’application du Cadre d’investissement en fonds propres de la Banque, et renforce le financement mixte comme outil de transition énergétique en Afrique. Il vise non seulement à accélérer l’accès à l’énergie, mais aussi à en garantir la résilience climatique et l’inclusivité économique.