Bentiu, Sud-Soudan – Entourée par plus de 4 500 km² d’eaux stagnantes issues des crues du Nil, la ville de Bentiu symbolise la lutte acharnée des communautés vulnérables contre les impacts du changement climatique. Depuis les inondations massives de 2020, les habitants vivent sur une terre à peine émergée, protégée par un réseau de digues vital.
Chaque saison des pluies est une menace. En 2023, l’eau est montée à seulement 30 centimètres du sommet des digues. Pour éviter un nouveau désastre, les soldats pakistanais du génie, déployés dans le cadre de la mission onusienne UNMISS, ont surélevé les digues d’au moins 1,5 mètre. Leur objectif : protéger les 300 000 personnes réfugiées dans la zone, dont des milliers de déplacés internes.
« Notre plus grande récompense est de voir ces familles vivre en sécurité », déclare le major Hilmi Munsif, chef des opérations du contingent pakistanais.
Une vigilance permanente face au risque
Les digues ne sont pas une solution permanente. En 2022, une brèche dans le mur occidental a failli engloutir le camp de déplacés et le bureau local de l’ONU. Depuis, une surveillance constante est assurée, notamment par les contingents pakistanais et mongols, qui patrouillent et interviennent en prévention.
« Notre priorité reste la protection des civils et des installations humanitaires », affirme Lkhagvabaatar Tumurbaatar, commandant adjoint du contingent mongol.
Cette coopération entre militaires, humanitaires et communautés permet pour l’instant de contenir les eaux. Mais le changement climatique fragilise les acquis. Entre sécheresses extrêmes et inondations récurrentes, les ressources naturelles s’amenuisent, exacerbant les tensions et les risques de conflit.
Un plan à long terme pour la résilience
« Nous rêvons d’un avenir sans digues, sans inondations. Mais aujourd’hui, elles sont indispensables pour protéger les vies », reconnaît Denis Fuh Chenwi, chef intérimaire du bureau de terrain de Bentiu.
L’enjeu est désormais de renforcer les capacités nationales pour faire face à des phénomènes climatiques de plus en plus fréquents. Cela passe par la formation, la planification et le transfert de compétences aux autorités locales, afin que le Sud-Soudan puisse répondre par lui-même aux futures crises climatiques.