L’Afrique capte plus de la moitié des financements mondiaux de développement alloués à l’agriculture, mais les besoins des PME agricoles restent largement insatisfaits.
Selon le dernier rapport de la FAO, « Financing Food for a Better Future », publié en mai 2025, le financement agricole en Afrique a atteint un niveau record en 2022 avec 8,2 milliards de dollars mobilisés. Cela représente 56 % de plus qu’en 2021 et 82 % de plus qu’en 2015, un bond significatif dans le contexte post-pandémique et de crise alimentaire mondiale.
L’Afrique, première destination mondiale des financements agricoles
Avec plus de la moitié des flux globaux dirigés vers l’agriculture, l’Afrique devance l’Asie (4,1 Mds USD), les Amériques (2 Mds), l’Europe (700 M USD) et l’Océanie (110 M USD). Ce financement regroupe l’aide publique au développement (APD), les autres flux officiels (OOF) et les dons privés.
Cette progression est liée aux efforts de relance économique post-COVID-19 et à l’impact de la guerre en Ukraine, qui a provoqué une flambée des prix des céréales, dont le blé, mettant à rude épreuve les systèmes alimentaires africains déjà fragilisés par les conflits, la pauvreté et les effets du changement climatique.
Un déficit structurel pour les PME du secteur agricole
Malgré ces flux croissants, l’accès au financement reste extrêmement limité pour les PME agricoles, pourtant actrices clés de la sécurité alimentaire et de la transformation agroalimentaire du continent. La FAO estime que les besoins annuels des 130 000 PME agricoles en Afrique subsaharienne atteignent 90 milliards USD, alors que seulement 15,5 milliards sont disponibles via les circuits formels.
Ce déficit structurel révèle une inadaptation de l’offre financière existante. En effet, les banques commerciales privilégient les entreprises les plus établies, disposant d’une bonne cote de crédit et d’un historique financier solide. Les jeunes entreprises rurales ou informelles restent largement exclues du système.
Vers un écosystème financier plus inclusif
La FAO appelle à un rééquilibrage des priorités et à une mobilisation accrue de financements domestiques et innovants, adaptés à la diversité des PME agricoles. Il s’agit notamment de développer :
- des produits financiers adaptés aux risques climatiques et à la saisonnalité ;
- des garanties publiques ou mixtes pour partager les risques ;
- un meilleur ancrage des fonds dans les écosystèmes locaux, en lien avec les besoins des petits exploitants et des transformateurs.
Renforcer le financement agricole en Afrique, c’est non seulement sécuriser les chaînes d’approvisionnement alimentaires, mais aussi favoriser la création d’emplois, la résilience climatique et la souveraineté économique du continent.