Face à l’urgence climatique mondiale, la transition énergétique est désormais présentée comme une voie incontournable vers une économie décarbonée. Mais pour l’Afrique, cette transition ne peut être dissociée des impératifs de développement économique et d’accès à l’énergie. C’est le message clair porté par les autorités sud-africaines lors de l’Africa CEO Forum, qui s’est tenu les 12 et 13 mai 2025 à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
L’Afrique émet peu, mais subit beaucoup
Gwede Mantashe, ministre sud-africain des Ressources minérales et de l’Énergie, a rappelé que le continent africain est responsable de moins de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pourtant, les pays africains sont souvent soumis à des contraintes climatiques et réglementaires de plus en plus strictes.
« Nous devons pouvoir intégrer les deux. Nous ne pouvons pas sacrifier l’économie pour préserver l’écologie », a-t-il déclaré, dénonçant notamment l’imposition d’une taxe carbone en Afrique du Sud pour commercer avec l’Union européenne, alors que des pays comme les États-Unis, la Chine ou la Russie n’en appliquent pas.
Une transition énergétique « juste » pour l’Afrique
Cette position s’inscrit dans le cadre du principe de « responsabilité commune mais différenciée », au cœur des négociations climatiques internationales. Ce principe reconnaît que tous les pays ont un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique, mais pas à égalité, car les pays industrialisés portent une responsabilité historique bien plus grande.
Ainsi, plusieurs dirigeants africains, à l’instar du ministre sud-africain de l’Électricité, Kgosientsho Ramokgopa, plaident pour une transition énergétique juste. Il souligne que l’Afrique ne peut s’engager dans cette transformation qu’à condition de répondre aux besoins vitaux de sa population.
« On ne fait pas la transition dans le noir. Quand les lumières sont allumées, que l’industrie redémarre, que nous sortons les gens de la faim et les menons vers l’emploi, la conversation devient réelle pour l’Afrique », a-t-il affirmé.
600 millions d’Africains sans électricité
Selon la Banque africaine de développement (BAD), près de 600 millions de personnes sur le continent n’ont toujours pas accès à l’électricité. Dans ce contexte, plusieurs pays défendent l’idée qu’il est légitime d’exploiter les ressources naturelles disponibles, y compris fossiles, pour réduire la pauvreté énergétique et stimuler la croissance économique.