Protéger l’Atlantique africain : l’enjeu majeur du sommet de Nice 2025
Nice s’apprête à accueillir en juin 2025 la 3e Conférence des Nations unies sur l’océan. Pour les diplomates, ce sera un sommet de plus. Mais pour les scientifiques, pêcheurs, industriels et États côtiers africains, ce sera peut-être la dernière chance d’agir pour l’océan Atlantique africain.
Co-organisé par la France et le Costa Rica, ce sommet s’inscrit dans la dynamique de la Décennie des Nations unies pour l’océan. Il vise à renforcer la protection de la haute mer, lutter contre la pollution plastique, et surtout, mobiliser des financements pour l’économie bleue, vitale pour les pays du Sud.
Nice 2025 : une réponse urgente face à la crise halieutique en Afrique de l’Ouest
Le contexte est alarmant. Les stocks de petits pélagiques comme la sardine ou la sardinelle s’effondrent, en particulier en Afrique de l’Ouest. À titre d’exemple, les captures artisanales de sardines au Sénégal ont chuté de plus de 60 000 tonnes en 1994 à moins de 7 500 tonnes en 2017, soit une baisse de 90 %.
Les causes sont connues : surpêche industrielle, changement climatique, et concurrence entre flottes locales et étrangères (européennes, russes, chinoises). Les bancs de poissons migrent vers le nord, hors de portée des pirogues artisanales, et les tensions entre pêcheurs s’intensifient.
Sans mécanismes concrets, contraignants et financés, Nice 2025 ne pourra pas se contenter de déclarations symboliques.
L’Atlantique africain en sursis : surpêche, climat, et guerre des pavillons
Aujourd’hui, 34 % des stocks halieutiques de l’Afrique de l’Ouest sont surexploités. Faute de coordination régionale, de transparence sur les captures et de règles harmonisées, l’épuisement total des ressources est attendu d’ici 2035.
Les scientifiques – de l’Ifremer à la FAO – sont clairs : seule une gestion collective des stocks avec quotas partagés et moratoires saisonniers peut inverser la tendance. Mais la fragmentation des intérêts, l’absence de leadership régional et les urgences économiques ralentissent toute action ambitieuse.
Nice 2025 : le Maroc, acteur clé pour sauver l’Atlantique africain
Au cœur des enjeux de Nice 2025 pour l’Atlantique africain, un pays attire l’attention : le Maroc. Avec plus de 80 % de ses volumes de pêche débarqués au Sahara, le royaume a fait de son littoral saharien (Laâyoune, Boujdour, Dakhla) un pilier de son économie bleue. À Dakhla, près de 14 000 emplois directs dépendent du secteur.
Mais ce succès cache une double vulnérabilité :
- Les captures pélagiques ont chuté de 25 % au premier trimestre 2025.
- Une possible taxation des exportations vers l’UE menace le secteur après un arrêt de la Cour de Justice européenne en 2024.
Enfin, le Maroc autorise encore la pêche dans la zone des six milles nautiques, lieu clé de reproduction. Doit-il changer de stratégie ? Un moratoire national comme en Mauritanie est envisagé.
Nice 2025 : dernière chance pour l’Atlantique africain ?
Le sommet de Nice 2025 pour sauver l’océan Atlantique africain ne peut plus être un simple événement diplomatique. Il représente une ultime opportunité pour l’Afrique de l’Ouest de reprendre le contrôle de ses ressources halieutiques.
En posant des mécanismes contraignants, des engagements financés, et en favorisant un leadership régional – possiblement marocain – l’Afrique pourrait transformer cette crise en levier de souveraineté bleue.