L’espoir de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 °C, seuil emblématique de l’Accord de Paris, s’amenuise dangereusement. Une nouvelle étude publiée dans Earth System Science Data tire la sonnette d’alarme : si les émissions mondiales de CO₂ se poursuivent au rythme actuel, le « budget carbone » compatible avec cet objectif sera épuisé d’ici février 2028.
Un compte à rebours irréversible
Le constat des scientifiques est sans appel. « D’ici trois ans, nous aurons épuisé le budget carbone restant permettant de limiter le réchauffement à 1,5 °C avec au moins 50 % de chances », explique Joeri Rogelj, climatologue à l’Imperial College de Londres. Chaque tonne de carbone supplémentaire diminue cette probabilité, jusqu’à rendre l’objectif irréaliste.
En 2024, la planète a franchi pour la première fois sur une année entière la barre de 1,24 °C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle. Une alerte tangible que le seuil critique est désormais durablement menacé.
Des impacts déjà bien réels
Loin d’être théoriques, les conséquences du changement climatique sont déjà visibles : vagues de chaleur plus intenses, sécheresses récurrentes, montée du niveau des mers. Les scientifiques préviennent que ces effets s’aggraveront de manière exponentielle au-delà du seuil de 1,5 °C, avec des dommages irréversibles pour les écosystèmes et les populations.
Des pays entiers, notamment les petits États insulaires comme Tuvalu ou les Maldives, pourraient être engloutis par la montée des océans. Les systèmes agricoles, hydriques et de santé publique dans de nombreuses régions du Sud risquent également de s’effondrer sous l’effet combiné de la chaleur et de l’imprévisibilité climatique.
Des engagements encore très insuffisants
Malgré les alertes répétées, les engagements des États restent largement en deçà des exigences scientifiques. La trajectoire actuelle nous mène vers un réchauffement de 2,5 à 3 °C d’ici 2100, selon les dernières estimations. Cela équivaut à un changement climatique hors de contrôle, avec des conséquences incalculables sur les migrations, la sécurité alimentaire et la stabilité mondiale.
Les auteurs de l’étude appellent à une réduction rapide, massive et équitable des émissions mondiales, notamment dans les pays les plus industrialisés. Il ne s’agit plus de s’adapter, mais de préserver ce qui peut encore l’être dans une fenêtre temporelle de plus en plus étroite.