L’élection du prochain président de la Banque africaine de développement (BAD) constitue un moment décisif pour l’avenir environnemental du continent. À l’heure où l’Afrique fait face à une crise climatique aux effets de plus en plus marqués, la vision et les priorités du futur dirigeant auront un impact direct sur les choix d’investissement et les orientations stratégiques de l’institution.
Une vulnérabilité accrue face au changement climatique
L’Afrique émet environ 4 % des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, mais elle est l’une des régions les plus touchées par les conséquences du réchauffement climatique. Inondations, sécheresses, insécurité alimentaire et déplacements de populations pèsent lourdement sur les économies africaines. Les pertes économiques annuelles liées au climat sont estimées entre 7 et 15 milliards de dollars, et pourraient atteindre 50 milliards d’ici 2040 si aucune mesure d’adaptation ambitieuse n’est mise en œuvre. Pourtant, le continent ne reçoit qu’environ 3 % des financements climatiques mondiaux, alors que ses besoins pour la période 2020-2030 sont évalués entre 1 300 et 1 600 milliards de dollars.
Un bilan marqué par des initiatives ambitieuses
Sous la direction actuelle, la BAD a engagé plusieurs programmes structurants pour renforcer la résilience climatique du continent. Le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique vise à mobiliser 25 milliards de dollars sur cinq ans pour appuyer les politiques d’adaptation. La banque s’est aussi engagée dans le financement de projets d’énergie propre, comme le programme « Desert to Power », qui ambitionne de fournir de l’électricité solaire à 250 millions de personnes dans la région sahélienne. Ces initiatives témoignent d’une volonté d’ancrer la finance verte au cœur du développement africain.
Les défis du futur président
Le prochain président devra consolider ces avancées tout en répondant à de nouveaux défis. Il devra notamment optimiser le recours aux modèles hybrides de financement – combinant ressources propres, fonds concessionnels et partenariats privés – pour démultiplier l’impact des projets verts. La transition énergétique, la promotion d’infrastructures durables, la préservation des écosystèmes et l’intégration régionale seront des priorités à arbitrer dans un contexte de ressources limitées et de pression croissante.
Des candidats porteurs de visions environnementales
Plusieurs prétendants à la présidence de la BAD ont exprimé leur volonté d’amplifier les efforts dans le domaine environnemental. Swazi Tshabalala, actuelle vice-présidente par intérim, met l’accent sur l’intégration systématique des enjeux climatiques dans tous les niveaux de financement. Elle souhaite aussi raccourcir les délais d’approbation des projets pour une action plus réactive. De son côté, Amadou Hott, ancien ministre sénégalais et ex-vice-président de la BAD en charge du climat et de la croissance verte, a été à l’origine de programmes structurants comme « Desert to Power » et l’Alliance financière africaine sur le changement climatique.
Une élection aux répercussions stratégiques
Au-delà des considérations internes, cette élection est stratégique pour l’Afrique dans un contexte mondial où les financements climatiques deviennent de plus en plus concurrentiels. Le futur président devra faire entendre la voix de l’Afrique dans les forums internationaux, tout en garantissant que les priorités du continent – adaptation, accès à l’énergie, sécurité alimentaire – restent au centre des agendas.
Conclusion
L’élection à la tête de la BAD représente bien plus qu’un simple changement de leadership. Elle engage l’orientation future de la première institution financière du continent face à la plus grande menace de notre époque : le changement climatique. Le choix du prochain président influencera directement la capacité de l’Afrique à financer une transition juste, inclusive et durable.