Dans un contexte où les pressions climatiques et économiques s’intensifient, Sasol, leader mondial des carburants synthétiques issus du charbon et du gaz, affine sa stratégie de transition énergétique. Pour réduire de 30 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 sans compromettre sa rentabilité ni sa base industrielle, le groupe sud-africain mise désormais sur une amélioration de la qualité de son charbon.
Cette démarche technique vise à maximiser les rendements sur le site stratégique de Secunda, tout en réduisant les pannes, optimisant la combustion et diminuant l’impact environnemental des opérations. Une stratégie intermédiaire mais décisive, qui permettrait à Sasol d’assurer une production stable de 7,4 millions de tonnes par an d’ici 2028, soit une exploitation à pleine capacité.
Améliorer le charbon pour sécuriser la performance industrielle
Face à la dégradation progressive de la qualité du charbon extrait de ses propres mines — due à une géologie plus complexe que prévue — Sasol a constaté une baisse de rendement dans ses gazogènes, causant des interruptions fréquentes et limitant la disponibilité des unités de production.
Pour y remédier, le groupe prévoit la mise en place de systèmes de suivi en temps réel de la qualité du charbon, avec un déploiement opérationnel attendu dès décembre 2025. En parallèle, la mine de Thubelisha sera optimisée pour fournir un charbon de meilleure qualité à moindre coût, réduisant la dépendance aux achats externes tout en améliorant le mix charbonnier.
Une feuille de route climatique pragmatique et progressive
Si Sasol n’envisage pas une sortie immédiate du charbon, son plan de transition bas carbone comprend aussi un volet ambitieux sur les énergies renouvelables. L’entreprise prévoit de porter sa capacité installée à plus de 2 GW, contre une cible initiale de 1,2 GW. Cette électricité verte permettra de compenser partiellement les émissions résiduelles liées au charbon.
Le groupe s’appuie également sur des partenariats dans le gaz naturel, notamment avec Eskom, pour alimenter ses installations et diversifier ses sources d’énergie. Enfin, des projets émergent autour des carburants d’aviation durables (SAF) et de la chimie verte, afin de positionner Sasol sur des segments à plus forte valeur ajoutée.
Rentabilité, dette et futur des dividendes
Cette stratégie de transformation énergétique repose aussi sur une discipline financière stricte : Sasol entend ramener sa dette nette à moins de 3 milliards de dollars, créant ainsi les conditions d’un retour durable aux dividendes et de la capacité à financer de nouveaux investissements.
Le pari de Sasol est clair : moderniser son outil industriel charbonnier, préserver sa rentabilité et avancer progressivement vers un modèle énergétique plus propre, en gardant le cap sur la compétitivité à long terme.
