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Afrique du Sud : l’économie verte freinée par l’absence de stratégie industrielle

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Une transition énergétique sans cap industriel

Alors que l’Afrique du Sud s’est engagée dans une transition énergétique ambitieuse, soutenue par d’importants financements climatiques, l’absence d’une stratégie industrielle coordonnée freine l’émergence d’emplois verts durables.

Le 3 juillet 2025, la Banque africaine de développement a annoncé une subvention de 1 million USD pour appuyer les emplois verts dans le pays. Une initiative louable, mais qui intervient dans un paysage encore peu structuré.

Selon un rapport de la Climate Policy Initiative, l’Afrique du Sud a mobilisé en moyenne 7,3 milliards USD par an en financement climatique entre 2019 et 2021. Mais plus de 80 % de ces fonds ont été consacrés à la réduction des émissions, au détriment de la formation professionnelle et de la montée en compétences locales.

Komati : quand la transition reste sans impact

Le cas de la centrale à charbon de Komati, dans la province de Mpumalanga, illustre les limites actuelles. Fermée en 2022, elle devait devenir un site modèle de reconversion vers les énergies renouvelables, avec des volets agricoles et entrepreneuriaux.

Financé à hauteur de 497 millions USD par la Banque mondiale, dont 47,5 millions USD pour le volet socio-économique, le projet promettait emplois agricoles, formations, reconversion professionnelle et soutien aux PME locales.

Mais les résultats sont en dessous des attentes :

  • Sur les 393 employés initiaux, seulement 162 sont restés un an après la fermeture ;
  • Sept personnes ont été formées, sur les 21 prévues ;
  • Le taux de chômage local dépasse 40 % malgré les promesses de 3000 emplois liés au projet.

Cette situation reflète un manque de pilotage industriel national et une faible articulation entre objectifs climatiques et réalité socio-économique locale.

Un écosystème des compétences encore embryonnaire

Pour combler ce vide, le gouvernement a lancé en 2024 le Just Energy Transition Skilling for Employment Programme (JETSEP), avec le soutien du secteur privé. Ce programme vise à créer des pôles de compétences dans les énergies renouvelables, l’hydrogène et les véhicules électriques.

Mais JETSEP n’en est qu’à ses débuts, avec un impact limité sur l’emploi à ce jour. Sans cadre industriel clair, ces initiatives risquent de rester expérimentales et déconnectées des réalités du marché du travail.

Un enjeu stratégique pour l’Afrique

Le plan sud-africain de transition juste prévoit la création de 300 000 emplois verts d’ici 2030. Pourtant, sans un alignement fort entre financement, formation et production locale, cet objectif reste hors de portée.

Komati est un avertissement : sans coordination intersectorielle, sans vision industrielle, la transition énergétique peut échouer à produire des bénéfices sociaux tangibles. Et ce constat dépasse l’Afrique du Sud : il concerne tous les pays africains qui misent sur l’économie verte pour relancer la croissance.

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