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L’Égypte inaugure le plus grand parc éolien d’Afrique et redéfinit les standards continentaux

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Le 30 juin 2025, l’Égypte a mis en service commercial le Gulf of Suez Wind Farm II, un projet de 650 MW développé par Eurus Energy, Toyota Tsusho, Engie et Orascom Construction. Ce parc, combiné au Gulf of Suez I, porte la capacité totale à 912,5 MW, faisant de cette infrastructure le plus grand complexe éolien d’Afrique à ce jour.

Une performance qui reflète non seulement le potentiel exceptionnel des vents de la mer Rouge — avec des vitesses atteignant 10,5 m/s — mais surtout un environnement réglementaire et financier calibré pour attirer les investisseurs internationaux.

Un cadre réglementaire pro-investissement

La percée égyptienne ne repose pas uniquement sur ses conditions climatiques favorables. Elle s’appuie sur un cadre législatif robuste, amorcé dès 2014 avec la loi sur les énergies renouvelables. Celle-ci a instauré :

  • Des feed-in tariffs garantis, offrant une visibilité tarifaire sur 20 à 25 ans.
  • Des contrats PPA bancables avec l’opérateur public EETC.
  • Des obligations de rachat protégeant les développeurs contre les risques de marché.

Entre 2015 et 2020, la capacité renouvelable installée en Égypte a triplé, passant de 887 MW à plus de 3 000 MW, selon le Carnegie Endowment for International Peace.

Une ingénierie financière bien huilée

Outre les incitations réglementaires, l’Égypte s’est dotée d’une boîte à outils financière complète : obligations vertes, prêts concessionnels, instruments de garantie et swaps de dette sont mobilisés en synergie avec des partenaires tels que la Banque mondiale, l’IFC et la Banque centrale d’Égypte. Ce partenariat multisectoriel renforce la bancabilité des projets, tout en sécurisant les flux d’investissement à long terme.

Un contraste régional révélateur

Le contraste avec d’autres pays africains est saisissant. Selon l’IFC, le potentiel éolien technique de l’Afrique s’élève à 33 642 GW — soit 250 fois la demande électrique actuelle du continent. La région Nord concentre plus de la moitié de ce potentiel :

  • Algérie : 6 191 GW
  • Égypte : 2 319 GW
  • Mauritanie : près de 4 000 GW

Pourtant, seule l’Égypte a su convertir ce potentiel en projets concrets, avec 2 855 MW installés à fin 2024, selon le Global Wind Energy Council (GWEC).

Une leçon pour l’Afrique : le potentiel seul ne suffit pas

L’exemple égyptien prouve que la ressource ne fait pas le marché. Sans une stratégie claire, des incitations bien pensées, une gouvernance stable et des instruments de partage de risque, les projets ne voient pas le jour. À l’image de l’Algérie ou de la Mauritanie, nombre de pays africains restent sous-exposés malgré un gisement éolien exceptionnel.

Pour transformer les 461 GW identifiés en projets bancables, l’Afrique devra :

  • Mettre en place des régulations stables et prévisibles.
  • Offrir des incitations tarifaires réalistes et soutenables.
  • Simplifier les démarches administratives.
  • Favoriser des partenariats industriels de long terme.

Conclusion : une vision politique et financière intégrée comme clé du succès

À travers sa stratégie proactive, l’Égypte démontre qu’une approche intégrée — mêlant ambition politique, réglementation claire et instruments financiers innovants — peut faire de l’éolien un levier stratégique pour la transition énergétique africaine. Dans un continent encore largement tributaire des énergies fossiles, ce modèle pourrait inspirer un nouveau souffle pour l’investissement durable.

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