Le Bassin du Congo demeure l’un des plus vastes réservoirs mondiaux de biodiversité, abritant une richesse végétale et animale exceptionnelle. Dans cette région stratégique, plusieurs initiatives cherchent à encourager des modèles économiques respectueux des forêts, fondés sur des chaînes de valeur durables et sans déforestation.
À Belém, au Brésil, en marge de la COP 30, l’Allemagne, la Norvège et l’Initiative pour la forêt d’Afrique centrale (CAFI) ont annoncé, lundi 17 novembre, un engagement collectif de 87 millions de dollars en faveur de Canopy Trust. Ce mécanisme financier, lancé début 2025 par la Catalytic Finance Foundation, ambitionne de catalyser l’investissement privé dans des projets à faible impact environnemental au cœur du Bassin du Congo.
Un mécanisme de réduction des risques pour attirer le privé
Le dispositif repose sur un principe simple : utiliser des fonds publics pour absorber les premiers risques, afin de rendre les projets plus attractifs pour les investisseurs privés. Les 87 millions de dollars engagés constitueront ainsi un capital-risque : en cas d’échec, les bailleurs publics supporteront les premières pertes. À terme, les promoteurs visent à mobiliser au moins 500 millions de dollars d’investissements privés d’ici 2035, en combinant soutien financier et assistance technique aux projets.
La RDC veut améliorer son climat des affaires
Avec près de 60 % des forêts du Bassin du Congo, la République démocratique du Congo (RDC) est appelée à jouer un rôle majeur dans cette initiative. La ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Nouvelle économie climatique, Marie Nyange Ndambo, a réaffirmé l’engagement du pays à accélérer les réformes pour créer un environnement propice aux investisseurs.
« Nous sommes résolus à améliorer rapidement le climat des affaires afin que les investisseurs puissent s’associer à nous en toute confiance et soutenir une croissance réellement durable », a-t-elle déclaré.
Quatre projets pilotes ont déjà été identifiés dans la région de Bankana, à 115 km à l’est de Kinshasa. Ils portent sur un modèle intégré associant production de charbon de bois et transformation de farine de manioc, avec l’ambition de connecter les chaînes de valeur agricole et énergétique.
Réduire la déforestation, augmenter les revenus
Selon Canopy Trust, les projets visent à structurer des systèmes agroforestiers reposant sur de petites exploitations, tout en renforçant les filières forestières et agricoles. L’objectif est double : accroître les revenus des communautés locales et améliorer la sécurité alimentaire et énergétique.
La RDC fait face à une déforestation élevée, alimentée par la culture itinérante sur brûlis et une production de charbon de bois largement non durable. Chaque année, environ 0,5 million d’hectares de forêts primaires et 0,8 million d’hectares de forêts secondaires disparaissent. La production de manioc — qui représente à elle seule 72 % de la production agricole primaire — repose presque entièrement sur ces pratiques, accentuant la déforestation et les émissions de gaz à effet de serre, estimées à 629 millions de tonnes équivalent CO₂ en 2021.
Des gains environnementaux et économiques
Les projets soutenus introduisent des solutions destinées à réduire ces impacts, notamment l’utilisation de bois d’acacia provenant de plantations et l’amélioration de l’efficacité des fours à charbon, ce qui pourrait réduire les émissions de près de 90 % par rapport aux techniques traditionnelles.
Dans la filière manioc, les techniques proposées permettraient d’augmenter les rendements jusqu’à 300 %, renforçant l’autonomie des petits producteurs. Ces gains devraient aussi stimuler la création d’emplois dans les unités de transformation locales, tout en assurant un débouché stable et structuré pour la production.
