L’Africa Finance Corporation (AFC) a franchi une nouvelle étape dans son engagement en faveur de la finance durable. Le 21 juillet 2025, l’institution panafricaine a annoncé la conclusion d’un prêt à terme de 937,5 millions de dirhams émiratis, soit 255 millions de dollars, auprès d’un consortium de banques basées aux Émirats arabes unis. Il s’agit du premier financement durable en monnaie locale obtenu par l’AFC auprès de partenaires émiratis.
Un prêt indexé sur la performance environnementale
Cette facilité de crédit se distingue par son adossement à des objectifs de durabilité. Elle prévoit une modulation des conditions financières (notamment les taux) en fonction de la performance environnementale de l’AFC. Parmi les indicateurs clés évalués :
- la proportion de projets alignés avec la taxonomie verte (énergies propres, efficacité énergétique, mobilité bas carbone),
- les émissions de CO₂ évitées,
- l’impact sur la biodiversité et la gestion durable des ressources naturelles.
La performance de l’AFC sera évaluée régulièrement, et l’atteinte des objectifs conditionnera la bonification du coût du financement, créant ainsi une incitation directe à l’impact environnemental.
Une syndication émiratie structurée autour de cinq banques
Le prêt a été arrangé par cinq banques émiraties :
- Abu Dhabi Commercial Bank,
- Emirates NBD Capital,
- First Abu Dhabi Bank,
- Mashreq,
- National Bank of Ras Al Khaimah.
Mashreq a agi comme coordinateur global, tandis que First Abu Dhabi Bank a été responsable de l’intégration des critères de durabilité. Cette structuration marque une étape importante dans la coopération financière afro-émiratie, et ouvre à l’AFC l’accès au marché des financements en dirhams émiratis.
Une stratégie alignée sur la transition verte
L’opération s’inscrit dans le plan stratégique 2024-2028 de l’AFC, qui prévoit de réorienter ses investissements vers des secteurs à fort impact environnemental. Les domaines ciblés incluent :
- les énergies renouvelables,
- les minéraux critiques pour la transition énergétique,
- les technologies vertes,
- les chaînes logistiques intégrées (transport durable, infrastructures connectées).
Ce financement conditionné illustre la volonté de l’AFC de repenser ses outils financiers pour les adapter aux impératifs climatiques, tout en structurant un portefeuille d’actifs aligné avec les objectifs de durabilité du continent.
Une évolution du modèle africain de finance de développement
En intégrant des mécanismes incitatifs fondés sur la performance durable, l’AFC innove dans le paysage africain de la finance de développement. Ce modèle pourrait inspirer d’autres institutions financières, banques commerciales ou États africains à structurer leurs projets autour de critères ESG (environnement, social, gouvernance).
Cette dynamique pourrait également renforcer l’accès de l’Afrique aux marchés de capitaux verts, tels que les obligations durables ou climatiques, déjà explorés par des pays comme le Maroc, l’Afrique du Sud ou le Nigeria. En établissant un lien direct entre impact mesurable et conditions de financement, l’AFC contribue à poser de nouveaux standards pour les financements liés à la transition écologique sur le continent.